Lorsqu’un patient consulte pour un bilan préopératoire en vue d’une chirurgie de la myopie, cette consultation est l’occasion de répondre aux différentes questions que peut se poser le candidat à la chirurgie réfractive, et parmi ces questions, celle de la douleur est une question fréquemment posée.
La première technique chirurgicale utilisée pour les opérations de myopie était la kératotomie radiaire, consistant à faire des incisions au bistouri à la surface de la cornée. Cette technique qui donnait lieu à des douleurs d’intensité variable mais de durée assez brève, n’est aujourd’hui plus utilisée.
Chronologiquement, la technique qui fut ensuite proposée était le laser excimer en technique de photokératectomie réfractive (PKR) ou ses variantes que l’on regroupe sous le terme de techniques de surface. Parce qu’elle crée une véritable ulcération de la cornée, dont la cicatrisation demande 48 à 72 heures, cette technique est réputée douloureuse, à juste titre, bien que l’intensité de la douleur soit extrêmement variable d’un patient à un autre. Nous avons cependant les moyens de maitriser la douleur, d’une part grâce à la prescription de médicaments anti-douleur, et d’autre part avec l’utilisation par la plupart des chirurgiens de lentilles de contact dites lentilles pansements, placées sur chaque œil en fin d’intervention et laissées en place 2 ou 3 jours, c’est à dire jusqu’à l’obtention d’une bonne cicatrisation superficielle. Il est cependant raisonnable de prévoir un agenda allégé après ce type d’intervention afin de ne pas rendre plus difficile la gestion de cette douleur postopératoire qui s’accompagne fréquemment de la nécessité de garder les yeux fermés.
Le Lasik, pratiqué depuis 20 ans a été présenté dès le départ comme une technique ayant, par rapport à la PKR, l’avantage d’être indolore. C’est tout à fait vrai et cela s’explique anatomiquement par l’absence d’ulcération de la cornée, puisque la zone sculptée par le laser est en fait protégée sous le capot cornéen. Ce caractère indolore est simplement à moduler, car les 3 ou 4 premières heures postopératoires après Lasik s’accompagnent généralement d’une sensation de grains de sable sous les paupières, dont l’intensité peut parfois s’apparenter à une véritable douleur. Cette douleur post-Lasik se démarque cependant de la douleur post-PKR par sa brièveté puisqu’elle n’excède pas quelques heures, et qu’il est tout à fait possible de vaquer à ses occupations dès le lendemain d’un Lasik.
Le caractère plus simple des suites opératoires explique qu’on privilégie le Lasik à chaque fois qu’il est possible. La PKR garde cependant des indications lorsque le Lasik n’est pas possible, et il faut alors accepter l’augure de cette douleur transitoire puisqu’au bout du compte, les résultats à long terme apparaissent identiques pour les deux méthodes dans les myopies faibles et moyennes.
Les nouveaux outils qui enrichissent l’arsenal des techniques de chirurgie de la myopie et de l’astigmatisme permettront peut-être, dans les années à venir, la renaissance de certaines techniques incisionnelles, réalisées avec le laser femtoseconde, sans effraction de la surface oculaire, et donc potentiellement sans douleurs.
Docteur Arié Danan. Paris, le 6 juin 2012