Le terme de glaucome regroupe plusieurs maladies assez différentes, qui ont en commun l’existence d’un problème de tension oculaire.
Le glaucome le plus fréquent est une maladie chronique qu’on appelle le glaucome chronique à angle ouvert (GCAO) caractérisé par une augmentation de la pression intraoculaire (PIO), ou plus exactement par un niveau de PIO plus élevé que ce que le nerf optique est capable de supporter. En effet la structure qui souffre en cas de PIO inadaptée est le nerf optique, et plus précisément la tête du nerf optique, dont la vascularisation dépend de vaisseaux qui sont en quelque sorte “écrasés” par une PIO trop élevée.
En comprenant que le glaucome est une maladie chronique de la tête du nerf optique, on comprend que le niveau seuil de PIO au-dessus duquel le nerf optique commence à souffrir n’est pas le même pour tous les individus.
Ainsi, si on constate le plus souvent que la pression intraoculaire est élevée chez un individu atteint de glaucome, il existe aussi des glaucomes dits “à pression normale” dans lesquels la PIO est normale, c’est à dire inférieure à 20 mm Hg, avec pourtant une authentique souffrance du nerf optique dont le “seuil” est alors plus bas.
Si le diagnostic de glaucome peut être suspecté lorsqu’une PIO élevée est mesurée lors d’une consultation de routine, c’est en fait l’analyse du nerf optique qui va permettre de confirmer ou d’écarter le diagnostic. La souffrance du nerf optique peut en effet être visualisée au fond d’oeil sous la forme d’un creusement excessif de la tête du nerf optique, qui même isolé, avec une PIO normale, doit conduire à évoquer le diagnostic.
Celui-ci sera confirmé par des examens fonctionnels, au premier rang desquels se trouve un examen de réalisation simple : le champ visuel. Celui-ci montre en effet, dans un glaucome avéré, des déficits de topographie spécifique qui permettent d’affirmer le diagnostic, et qui permettent également de suivre l’évolution de la maladie sous traitement.
Ces dernières années, de nombreuses techniques d’imagerie se sont également développées afin de chiffrer et de suivre dans le temps le creusement du nerf optique, très caractéristique de la maladie glaucomateuse.
Le traitement est avant tout médical et repose sur des collyres, appartenant à différentes familles moléculaires, et destinés à faire baisser la pression intraoculaire. Ces collyres peuvent être associés lorsqu’une monothérapie s’avère insuffisante. Lorsque l’évolution du glaucome rend le traitement médical insuffisant, une sanction chirurgicale peut être proposée, remplacée ou précédée dans certains cas par un traitement au laser.
Il faut en tout cas retenir de cette forme de glaucome qu’elle est d’évolution lente, que son diagnostic repose avant tout sur le dépistage systématique en consultation, en particulier lors des consultations pour presbytie vers l’âge de 50 ans, et que le traitement en est surtout médical, la chirurgie ayant sa place dans les insuffisances du traitement médical.
Enfin, il s’agit d’une maladie héréditaire, et l’existence de cas de la famille incite fortement à un dépistage plus précoce et plus fréquent.
Le glaucome aigu par fermeture de l’angle est une pathologie totalement différente, caractérisée par la survenue brutale, le plus souvent chez des sujets d’âge mûr, d’un tableau associant une douleur aiguë et une baisse importante de la vision. L’examen montre alors une élévation très importante de la pression intraoculaire qui peut dépasser 40 mm Hg, et un traitement chirurgical ou au laser s’impose en urgence. Ce glaucome résulte d’une situation de blocage brutal de la circulation intraoculaire d’humeur aqueuse et il est souvent déclenché par la prise de médicaments ayant pour effets secondaires d’induire une dilatation de la pupille. De très nombreux médicaments comportent dans leur notice des contre-indications ou des précautions d’emploi en cas de glaucome, et seuls les sujets prédisposés au glaucome par fermeture de l’angle sont concernés.
Un fois la crise jugulée sur l’oeil concerné, un traitement préventif au laser sera systématiquement fait sur l’autre oeil tout aussi exposé au risque de glaucome aigu.