Le terme de chirurgie de la myopie est souvent employé pour désigner des opérations destinées à corriger des anomalies de la vision, dont le myopie est la plus classique, mais pas la seule.
La notion d’astigmatisme prête souvent à confusion, faute de connaissances précises en optique, alors que l’astigmatisme est une anomalie banale et très fréquente, et souvent associée à une myopie ou, au contraire, à une hypermétropie.
L’astigmatisme désigne en fait un défaut de sphéricité de la cornée, qui fait que le méridien horizontal peut être plus plat ou au contraire plus cambré que le méridien vertical. Cette disparité peut aussi s’observer lorsque les méridiens sont obliques, au lieu d’être sur les axes 0° et 90°. En revanche, les deux méridiens d’une cornée normale sont toujours orthogonaux, donc séparés de 90°.
Il y a encore une dizaine d’années, la présence d’un astigmatisme important pouvait représenter un frein dans la chirurgie de la myopie, en Lasik comme en PKR, faute d’une technique suffisamment précise pour en assurer la correction. On avait alors recours à un marquage manuel du méridien horizontal en position assise avant l’intervention, ce qui permettait de vérifier l’absence de torsion au cours de l’opération. En cas de torsion observée, il fallait alors incliner la tête du patient de façon à ce que les repères horizontaux initiaux restent bien en position horizontale, et dans certains cas, l’angle d’inclinaison de la tête en fin d’opération pouvait être tout à fait conséquent.
Cette époque est aujourd’hui depuis longtemps révolue, et la chirurgie moderne en Lasik est en mesure de corriger des astigmatismes importants avec une grande précision.
Le principal outil de ce renouveau réside dans l’utilisation d’une technique biométrique dont la précision et la spécificité sont équivalentes à celles des empreintes digitales : la reconnaissance irienne. En effet la configuration de l’iris est très spécifique à chaque individu et est déjà utilisée dans certains systèmes de sécurité très sophistiqués. Son intérêt en chirurgie est qu’elle permet un repérage très précis de l’œil du patient, et donc un positionnement tout aussi précis de la correction de l’astigmatisme, qui est définie par une amplitude (en dioptries) et par un axe (en degrés) qui peut varier de 0 à 180 °.
La mesure de reconnaissance irienne faite en préopératoire peut ainsi être reportée sur l’œil au cours de l’intervention en Lasik et c’est fondamental car, pour un certain nombre de patients, le passage de la position assise à la position couchée entraine une rotation de l’œil sur son axe qui modifierait de façon importante l’efficacité du traitement s’il ne s’appuyait pas sur cette technologie. On sait en effet qu’une erreur d’axe de 10° seulement réduit de 33 % l’efficacité d’une chirurgie en Lasik.
Depuis quelques années, nous disposons en outre de systèmes d’eye-trackers rotationnels. L’eye-tracker est un système utilisé depuis très longtemps en lasik, qui permet au laser excimer de suivre l’œil pendant l’intervention afin d’assurer une délivrance et un centrage parfaits du traitement au laser. Les eye-trackers ont ainsi disposé pendant longtemps d’un système de poursuite en 3 dimensions, c’est à dire dans le plan horizontal d’une part, et dans le contrôle de la mise au point d’autre part. Les eye-trackers modernes disposent en outre de la capacité de suivre également les mouvements de rotation, ce qui permet de parler véritablement d’une quatrième dimension, assurant une délivrance optimale du traitement, quels que soient les mouvements oculaires en cours d’intervention.
Bien entendu, les spécificités de la correction de l’astigmatisme dans la chirurgie de la myopie au Lasik ont les mêmes applications lorsqu’il s’agit de presbylasik pour la correction de la presbytie.
Enfin, n’oublions pas que ces systèmes de reconnaissance irienne sont en outre un moyen infaillible de ne jamais se tromper de patient et de ne jamais inverser les deux yeux au cours d’une intervention.
Docteur Arié Danan. Paris, le 13 avril 2012