La chirurgie de cataracte est devenue une intervention de routine et correspond avec près de 700 000 interventions annuelles, l’acte chirurgical le plus pratiqué en France.
Si la technique opératoire a beaucoup évolué au cours des 25 dernières années, le mode d’anesthésie n’est pas en reste et s’est lui aussi totalement transformé. En effet dans les années 80, il était très fréquent de réaliser une anesthésie générale, et la chirurgie de cataracte nécessitait alors quelques jours d’hospitalisation.
Aujourd’hui, la chirurgie ambulatoire représente le mode opératoire de la chirurgie de cataracte dans plus de 90 % des cas, et l’anesthésie topique a fait quasiment disparaitre l’anesthésie générale.
L’anesthésie topique consiste à appliquer sur l’œil dans les minutes précédant l’intervention un collyre ou un gel anesthésique. Cette application externe est complétée, pour certains opérateurs, par l’injection d’une toute petite quantité d’anesthésique directement dans l’œil en tout début d’intervention. Ce complément n’est pas obligatoire mais il a l’intérêt d’augmenter l’efficacité de l’anesthésie topique en supprimant toute sensibilité de l’iris qui peut parfois rester une structure sensible en cas d’anesthésie topique pure.
Entre ces deux extrêmes que sont l’anesthésie générale d’un côté et l’anesthésie topique de l’autre, des anesthésies par injections autour de l’œil ont longtemps été pratiquées au cours des années 80 et 90. Ces anesthésies par injections qui sont encore un peu pratiquées ont l’avantage d’entrainer une anesthésie efficace mais également une immobilisation de l’œil ce qui peut être plus rassurant pour des chirurgiens peu entrainés. Elles ont l’inconvénient de générer parfois des hémorragies autour de l’œil lorsque l’aiguille rencontre un vaisseau et nécessitent donc l’interruption de tout traitement favorisant les hémorragies (aspirine, anticoagulants).
L’anesthésie topique a fait disparaitre ces véritables “cocards” chez les patients opérés de cataracte, et permet d’opérer de cataracte des patients prenant des anticoagulants. En outre, le respect de la mobilité de l’œil peut devenir un avantage plus qu’une source de difficultés. L’introduction de l’implant en fin d’intervention à travers une incision étroite nécessite en effet une contre-pression qui peut être obtenue en demandant un peu de résistance au patient.
Enfin la suppression des injections autour de l’œil a fait évidemment disparaitre les cas exceptionnels mais potentiellement très graves de perforation de l’œil observées au cours d’injections péri-oculaires.
Malgré l’allègement du mode anesthésique, la plupart des chirurgiens opèrent en présence d’un anesthésiste, capable de détendre un patient anxieux ou de gérer un petit pic d’hypertension artérielle lié au stress. Une consultation d’anesthésie préalablement à la chirurgie de cataracte est alors nécessaire.
Docteur Arié Danan. Paris, le 23 août 2012